Cité internationale de la tapisserie d'Aubusson
« Le jardin, c’est un tapis où le monde tout entier vient accomplir sa perfection symbolique, et le tapis, c’est une sorte de jardin mobile à travers l’espace. Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde. Le jardin, c’est, depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante”.
Michel Foucault, Des Espaces Autres (1967)
Le monolithe dans le jardin
Le tapis et le jardin sont liés historiquement. Le jardin persan, l’enclot paradis, est le coeur de la représentation des tapis persans. Le tapis est alors comme un territoire, une surface qui s’ouvre vers l’infini. En occident où le tapis emprunte d’avantage la dimension picturale, la représentation du jardin est très présente, notamment les motifs végétaux très utilisés dans la tapisserie d’Aubusson.
Le projet de l’extension s’inscrit dans ce dialogue poétique. Il se définit avant tout comme un jardin aménagé et luxuriant dans lequel une architecture monolithique émerge en son centre.
Au milieu du jardin, l’extension se trouve au point culminant du site depuis lequel on peut voir la tour de l’horloge située en face, au Nord, de l’autre côté de la vallée. Elle aussi, émerge au milieu de la végétation. Un dialogue s’installe à distance. Quand on l’observe plus attentivement, le monolithe présente une surface constituée de cannelures. Ces micro-variations d’épaisseur du béton crée une vibration par les ombres projetées de ces reliefs. Quelques grandes baies vitrées ponctuent la façade et projettent les intérieurs vers le paysage au travers de cadrages minutieusement placés.
Le parcours spatial
L’extension s’inscrit au cœur du jardin, dans une posture à la fois autonome et en dialogue avec l’existant. Elle se relie au bâtiment principal par un passage souterrain, garantissant la continuité du parcours muséal tout en préservant la lecture du site.
Une galerie souterraine prolonge la grande nef jusqu’au niveau inférieur du hall d’accueil du nouvel édifice, invitant le visiteur à entamer son parcours par les deux premières salles d’exposition.
La déambulation se poursuit par un escalier monumental — ou un ascenseur — menant au niveau supérieur. L’escalier se développe selon un mouvement entrelacé, générant des vues croisées, plongeantes et contre-plongeantes, d’une volée à l’autre. Ces jeux de perspectives et d’échanges visuels confèrent à la montée comme à la descente une dimension théâtrale, en écho à la mise en scène spatiale de la grande nef.
Au sommet, le hall se présente comme un espace de transition ouvert vers les deux autres salles d’exposition. Une large baie vitrée déploie le regard vers l’horizon boisé de la vallée, tandis qu’un salon aménagé en bordure offre un moment de pause face à la plus belle vue du site.
Après la visite des espaces supérieurs, le visiteur redescend vers le niveau inférieur du hall et longe le bâtiment existant par une galerie, retrouvant ainsi l’accueil général du musée. Le parcours forme une boucle fluide, réversible, permettant plusieurs modes de visite : les espaces d’exposition temporaire peuvent introduire ou conclure la visite complète, ou encore être appréhendés indépendamment des collections permanentes.
Projet
Extension de la Cité Internationale de la tapisserie d'Aubusson
Lieu
France, Aubusson
Marché
Public
Surface
1800 m2
Équipe
Projectiles, architecte (mandataire)
Base, paysagiste
Batiserf Ingénierie, bureau d'études structures
Louis Choulet, bureau d'études fluides
Bureau Michel Forgue, économistes
Abraxas, concepteur lumière
Aïnu, conservation préventive
Orfea acoustique, acousticien
Maîtrise d'ouvrage
Syndicat mixte de la Cité internationale de la tapisserie et de l’art tissé
Phases
Concours lauréat > 2021
Chantier en cours
©Projectiles
Articles
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