Complexe cultuel et culturel d'Al Nouri à Mossoul
Le projet constitue la principale respiration au milieu d’une grande densité urbaine. Un grand espace public, une respiration, fédérateur et insolite, paisible et vivant, intimes et ouvert, tantôt lieu de recueillement, tantôt agora.
La mosquée comme l’épicentre de l’unité
Nous commençons par l’intérieur sous la coupole, au cœur de la salle de prière, quelques piliers octogonaux avec leur arcs outrepassés sont encore débout. Ces piliers octogonaux avec leurs chapiteaux finement ciselés constituent l’ADN de notre projet. A partir de là et par ondes concentriques, la reconstruction de la mosquée Al-Nouri se déploie : d’abord le grand rectangle de la salle de prière, les plafonds au-dessus des arcs, les quatre minarets, les trois façades Sud, Est et Ouest, ensuite la façade Nord qui devient un portique. Ce portique Nord, conçu dans un langage épuré et intemporel, génère la grande cour centrale abritant le pavillon des ablutions. Cette grande cour dialogue avec les autres cours, délimitées par de solides portiques, s’ouvrant vers des espaces sécurisés, paisibles, propices aux diverses activités de la communauté, agrémentés d’arbres, de plantes et d’eau, sources de fraîcheur et de vie.
Un jardin-enclos pluriel, accueillant un monde en mouvement, dans un cycle continu.
Le projet est constitué d’une juxtaposition d’espaces interconnectés. La composition du jardin-enclos forme des séquences alternées d’ombres et de lumières.
Une succession de pièces urbaines de natures et de programmes différents, tantôt intérieurs, tantôt ouverts sur le ciel, sont reliées par des galeries au sol ou suspendues.
L’épaisseur de l’enceinte est partiellement dilatée, offrant une programmation au service de la ville pour connecter le complexe aux usages urbains et inviter au dialogue avec la ville.
Il y a des pièces jardins, un jardin d’eau, un jardin des senteurs, des jardins suspendus, le jardin-mausolée, des salons-jardins ; il y a des pièces parvis, le parvis des écoles, le parvis de la mosquée pour les prières extérieures, le parvis du minaret ; il y a des pièces écoles, l’école secondaire au Nord et l’école d’architecture au Sud ; et il y a surtout la mosquée, la pièce maitresse du jardin-enclos.
La conception architecturale s’inscrit dans une logique low-tech en composant avec le cycle de l’ombre et du soleil, avec le vent, avec la température et l’humidité et avec l’inertie des épaisseurs.
Mossoul renait de ses cendres. Les débris sont concassés, mélangés, remodelés, pour former la matrice d’une nouvelle matière, un béton qui puise sa force et son identité dans les gravats du passé.
La façade Nord de la mosquée est conçue pour s'ouvrir largement sur l'espace de prière et établir une continuité entre le dedans et le dehors. Elle est structurée comme un portique et son architecture est épurée et intemporelle.
Nous proposons de reconstruire les façades Sud, Est et Ouest de la mosquée, en pierre calcaire locale. La sobriété de la nouvelle enveloppe permettra de lire les éléments principaux des façades disparues.
Les minarets
Les quatre minarets sont reconstruits sur un dessin nouveau, dans le prolongement stylistique de la toiture contemporaine. Avec les nouveaux minarets, nous améliorons la qualité des ambiances et du confort. Pour rafraîchir l’intérieur de la mosquée, les quatre tourelles carrées sont à la fois des minarets et des cheminées thermiques. Leur forme simple est issue des anciennes tours à vent que l’on trouve au Proche-Orient. Leur façade est composée par un mélange dégradé de briques pleines et de briques ajourées, associées à une présence progressive de petites plaques en laiton.
La toiture
Le toit de la salle de prière avant la destruction était plat, opaque et écrasant. Il a été refait au cours du XXè siècle. En prolongement des piliers historiques et ceux reconstitués, des poteaux contemporains en béton de site, supportent un plafond épais composé d’une série de caisson-lanterneaux profonds depuis lesquels la lumière naturelle pénètre par des failles latérales, se réfléchit sur des parois verticales courbes et irrigue l’espace en douceur. Elle renforce la dimension spirituelle et offre de l’élancement et de la respiration aux volumes de la salle de prière.
Sous la coupole centrale, le mihrab est entouré par le minbar à droite et le pupitre de lecture de Coran à gauche. La coupole accueille en partie haute, une installation lumineuse. Une centaine de plaques de laitons suspendus scintillent et projettent leurs ombres sur la sous-face du dôme.
Al Nuri Complex
La reconstruction de Mossoul, ville martyre, se doit d’être menée selon un processus rigoureux et maitrisées sans jamais oublier le facteur humain et le rôle des citadins dans le processus établi, nécessitant la réappropriation des territoires intimes et collectifs.
La nouvelle construction de la mosquée et de son extension porte en elle l’espoir d’une renaissance, d’une reconquête douce. Le projet a une portée universelle et se doit d’être un espace pour tous, à l’image de Mossoul, symbole de la diversité culturelle, cultuelle et ethnique ; ville carrefour mondial des principales routes commerciales historiques ; ville caractérisée par un cosmopolitisme propre à cette région mésopotamienne.
Une respiration au cœur de la ville
Le projet constitue la principale respiration au milieu d’une grande densité urbaine.
Le projet est un grand espace public, une respiration, fédérateur et insolite, paisible et vivant, intimes et ouvert, tantôt lieu de recueillement, tantôt agora.
Un jardin-enclos pluriel
Le projet emprunte une typologie spécifique à la région mésopotamienne, le jardin-enclos. Historiquement, ce sont des lieux où l’esprit s’élève, où la matière construite fait corps avec les éléments tels que l’eau, la végétation, l’ombre et les parfums : des havres de paix habités, des lieux atemporels de méditations et de pose.
Le jardin-enclos accueille un monde en mouvement, dans un cycle continu. La vision durable pour le complexe de la mosquée d’Al Nouri cherche à l’inscrire dans les multiples cycles du vivant, dans des boucles locales, continues et dynamiques, de matières, de flux et d’atmosphères.
Des limites vivantes
Notre jardin-enclos est délimité par une enceinte périphérique dont la forme et son contenu se déclinent selon les programmes et leurs relations à la ville. Nous souhaitons dilater partiellement l’épaisseur de l’enceinte en offrant une programmation au service de la ville pour connecter le complexe aux usages urbains et inviter au dialogue avec la ville.
Les pièces
A l’intérieur, le jardin-enclos est constitué d’une juxtaposition d’espaces délimités et interconnectés que nous appelons « pièces ». La composition de l’enclos forme des séquences alternées d’ombres et de lumières. Une succession de pièces de natures et de programmes différents, tantôt intérieurs, tantôt ouverts sur le ciel, sont reliées par des galeries au sol ou suspendues.
Chaque pièce contient un usage, un paysage, une atmosphère singulière. Il y a des pièces jardins, un jardin composé, un jardin luxuriant, des jardins suspendus, des salons-jardins ; il y a des pièces parvis, le parvis des écoles, le parvis de la mosquée pour les prières extérieures, le parvis du minaret ; il y a des pièces écoles, l’école secondaire au Nord et l’école d’architecture au Sud ; il y a une pièce mausolée ; et il y a surtout la mosquée, la pièce maitresse du jardin-enclos.
Mossoul renait de ses cendres
L’ensemble de la minéralité de la superstructure (les ossatures, les planchers, les toitures et les parois verticales en maçonnerie) est constitué d’une même matière.
Les débris sont concassés, mélangés, remodelés, pour former la matrice d’une nouvelle matière, un béton qui puise sa force et son identité dans les gravats du passé. La matière peut être coulée sur place, armée pour être structurelle ou moulée en briques pouvant être manipulées et assemblées manuellement. Ainsi, en recyclant les débris, la mosquée renait de ses ruines. Les déchets deviennent ressources, contribuant ainsi à un cycle vivant et non interrompu de la matière.
Le cycle des jours et des saisons
La mosquée d’Al Nouri est un lieu qui s’anime à toutes les heures de la journée, et à tous les moments de l’année. Pour accueillir cette vie mouvante, elle doit être elle-aussi vivante, animée, dans les atmosphères qu’elle fabrique : elle doit s’adapter aux conditions extérieures changeantes pour offrir des lieux confortables évolutifs. À Mosul, le climat continental façonne des étés chauds et secs, et des hivers assez froids. La mosquée d’Al Nouri s’inscrit dans une logique low-tech en composant avec le cycle de l’ombre et du soleil, avec le vent, avec la température et l’humidité, avec l’inertie des épaisseurs.
Lors des journées les plus chaudes, les larges galeries, les toiles tendues du Summer Prayer Hall, les ombrières en toiture viennent dessiner un fil de l’ombre qui permet de traverser le site à l’abri des rayons du soleil, quasi vertical (76°). Les jardins, les bassins et les rigoles, génèrent des microclimats humides et ombragés où chacun peut venir se réfugier, telles de petites oasis dans la ville. Les ouvertures des bâtiments se protègent du soleil par des moucharabiehs, tout en restant ouverts aux vents Nord-Ouest. Les quatre minarets du Prayer Hall agissent comme des tours à vent.
En hiver, le soleil de Mossoul se fait plus rasant (30°), et les températures se font plus froides. La mosquée cherche à capter les rayons du soleil pour offrir des atmosphères plus réchauffées aux mossouliotes. Les brise-soleils sont rétractés, les toiles sont repliées, les bâtiments s’ouvrent à la course solaire.
Les nuits d’été, la mosquée s’ouvre à la fraicheur du ciel pour évacuer la chaleur de la journée. Les toiles du Summer Prayer Hall sont repliées, les terrasses et les jardins suspendus sont rendues accessibles pour offrir aux mossouliotes l’accès aux étoiles et à la nuit.
A l’aube, le soleil levant, la rosée sur les feuilles, le chuchotement des hommes, le cri des enfants, le parfum du chèvrefeuille, une voix par-ci, un chant par-là, la lumière revient.
Projet
Reconstruction et Réhabilitation du Complexe d'AlNouri
Lieu
Mossoul, Irak
Marché
Public
Surface
12500 m2
Équipe
Projectiles, architecte (mandataire)
Semper Architectes (architecte du patrimoine)
Setec Ingénierie, bureau d'études tout corps d'état
Franck Boutté Consultants (FBC), Conception et Ingénierie environnementale
Concepto, concepteur lumière
Maîtrise d'ouvrage
UNESCO
Phases
Concours international
©Projectiles
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