Musée de Folklore vie Frontalière
En 2010 est lancé le concours public d’architecture européen, remporté en automne par groupement d’architectes V+/Projectiles, ainsi que Taktyk pour le paysage.
Nous avons proposé de déplacer le programme dans un bâtiment neuf, autonome, fin et linéaire en cœur d'îlot. Ce parti pris diffère de la commande mais permet d'engager une reconfiguration urbanistique et paysagère d’un ensemble d’espaces disparates.
Le profil extérieur crénelé caractéristique de ce projet correspond au rythme et à la hauteur des pièces intérieures. Ces pièces sont construites dans une approche et une dimension domestique selon une trame carrée de 5.3 m sur 5.3 m. Elles se différencient les unes des autres par leurs hauteurs et leurs articulations en fonction des besoins du programme muséographique. Toute la démarche du projet pourrait peut-être se résumer à cette recherche d’un vernaculaire contemporain, d’une architecture qui a prise avec le quotidien, qui accueille les usages les plus ordinaires, qui spatialise les rythmes humains. L’implantation centrale et rayonnante de l’édifice permet un fonctionnement en archipel qui exploite les différents bâtiments existants. Le foyer traversant subdivise les espaces d’expositions permanentes et temporaires, les réserves sont en sous-sol, les ateliers pédagogiques dans l’ancien bâtiment, avec un accès direct par la rue ; un estaminet dans le pavillon au milieu du jardin, etc.
Le bâtiment adopte un profil horizontal, une écriture et une matérialité en dialogue avec les constructions vernaculaires des alentours.
GRAND PRIX D’ARCHITECTURE DE WALLONIE
Lauréat, catégorie « Reconstruire sur la ville », 2019
EUMIESAWARD
Nomination, prix de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine Mies van der Rohe, 2019
Toute la démarche du projet pourrait se résumer à cette recherche d’un vernaculaire contemporain, d’une architecture qui a prise avec le quotidien, qui accueille les usages les plus ordinaires, qui spatialise les rythmes humains.
La remise en cause du programme du concours, une simple extension greffée sur l’existant, s’apparente « in fine » en un projet urbain de restructuration de cœur d’îlot, bien au-delà du cadre de la commande.
Les salles d’exposition, elles, sont pensées comme les pièces d’une grande maison : le gîtage des plafonds, auquel répond l’ossature en bois des cloisons, la taille et la position des baies rompent volontairement avec l’abstraction du white cube muséal.
Les objets ne sont pas sacralisés. Ils sont savamment organisés et simplement exposés afin qu’ils dialoguent tout en jouant l’ordinaire de l’architecture.
Musée de Folklore vie Frontalière se veut à l’opposé de tout « nombrilisme identitaire ». La posture a été de transformer le musée de folklore en un musée de société. Travailler sur le territoire transfrontalier, une population brassée par trois cultures, nécessitant une mise en exposition plus critique, plus sélective, plus ouverte sur un fond à la fois matériel et immatériel.
Au prix d’échanges nourris entre l’équipe du musée et l’équipe de Maitrise d’Œuvre, le projet scénographique cherche une juste voie entre exposition et interprétation, science et divertissement, contextualisation et neutralisation, entre l’écueil de théâtraliser la collection, et de la montrer sans artifices, celui d’esthétiser ces choses du quotidien, et donc de survaloriser la moins opportune de leurs multiples dimensions. Pour les auteurs de projet, ces objets proprement vernaculaires doivent retrouver au sein du musée une échelle domestique de monstration.
L’intégration artistique de Simon Boudvin est particulièrement pertinente au contexte du musée et à son architecture. Il a sollicité les filières de récupération présentes dans la région et a proposé de mêler aux briques neuves de parement du musée, des briques anciennes, issues de huit édifices de la ville — usines, maisons, fermes, entrepôt, couvent ou cinéma — dont il documente par ailleurs la démolition par la photographie. Huit « briques-cartels », émaillées de blanc et portant un numéro, indiquent sur le mur les différentes provenances.
Projet
Construction du Musée de Folklore vie Frontalière
Lieu
Belgique, Mouscron
Marché
Public
Surface
1 800 m²
1,5 HA (aménagements extérieurs)
Équipe
Projectiles & V+ (co-mandataires) « association momentanée », architecte + muséographe + scénographe
Taktyk, paysagiste
Bouwtechniek, B.E. Ordonnancement, Pilotage, Coordination (OPC) + exécution
Greisch, B.E. Tous Corps d'États + structures
Daidalos peutz, acousticien + B.E. fluides
Maîtrise d'ouvrage
Ville de Mouscron
Phases
CONCOURS 2010
ÉTUDES 2011 → 2015
CHANTIER 2015 → 2019
LIVRÉ 2019
© Projectiles
© Vincent Fillon
© Maxime Delvaux
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