Une perception cinétique
Depuis l’angle avec la rue de Tolbiac, on distingue un bâtiment en R+5 dont la partie supérieure effectue une rotation vers l’intérieur de la parcelle. Plus on avance vers la parcelle et plus on perçoit les deux derniers niveaux implantés suivant deux retraits successifs non parallèles au plan de façade inférieur. Les percements sont larges et hauts. Leur implantation s’inscrit d’une certaine manière en continuité avec celle des immeubles alentour. La morphologie de ces percements est caractéristique de nombreux immeubles parisiens : une allège pleine d’une hauteur de 40 centimètres, surmontée par un garde-corps de 60 centimètres. Leur occultation sera assurée par des persiennes se repliant de part et d’autre dans la profondeur des ébrasements. A l’arrière de la parcelle, nous avons cherché à relier deux points mitoyens au-delà desquels il nous a semblé délicat de venir édifier une quelconque construction. Cette limite arrière a ensuite été déformée pour finalement être composée de trois pans de façade. De larges baies vitrées coulissantes ouvrent les espaces de vie sur des balcons filants.
Plus qu’un confort d’habiter, le projet propose un réel plaisir d’habiter
De nombreuses périodes d’urbanisation ont durablement marqués le 13ème arrondissement. L’hétérogénéité de son tissu urbain ainsi que la pluralité des typologies constructives caractérisent fortement ce secteur de Paris. Au droit de la parcelle, la rue du Château des Rentiers présente une certaine homogénéité dans la matérialité des façades et les gabarits. La coexistence entre la brique, la pierre de taille, les enduits et le béton, confère à cette séquence urbaine un sentiment de cohérence, tant du point de vue de sa minéralité que des hauteurs édifiées à l'alignement sur rue.
Le projet s’inscrit dans cet environnement urbain particulier en n’étant pas trop contrasté. Ses façades recevront un parement en béton poli. Légèrement réfléchissantes, elles évolueront en fonction de la lumière ambiante. Sa composition volumétrique a été envisagée sous l’angle de la couture urbaine. En tenant compte de la hauteur et des reculs des deux constructions mitoyennes, nous avons évité l’écueil d’un bâtiment dont l’enveloppe n’aurait été qu’une résultante des contraintes gabaritaires.
Le jardin en pleine terre assure une continuité spatiale et écologique avec le grand espace libre de la résidence étudiante. Cette approche constitue une réponse apportée à la densité générale de l’îlot ainsi qu’au bien vivre des habitants. Autre avantage : la gestion des eaux de pluie à la parcelle, en privilégiant une infiltration in situ.
L’aménagement intérieur des logements privilégie une organisation traversante nord-est, sud-ouest. La rue étant relativement peu passante, nous avons fait le choix de positionner l’ensemble des chambres à coucher en façade afin de profiter de la lumière du matin. A contrario, les espaces à vivre comme les séjours et les cuisines s’ouvrent tous sur le jardin et bénéficient de la lumière directe de l’après-midi jusqu’au soir. Les balcons filants sont profonds et intégralement accessibles aux personnes à mobilité réduite. Les pièces humides sont généralement au centre des logements, en rotule entre les différentes chambres à coucher. Avant d’être une espace physique, l’habitation est un espace vécu. Le concept même d’habitat reste intimement lié au principe d’appropriation de l’espace et ce qu’il sous-entend de liberté donnée aux habitants. Habiter son logement, c’est pouvoir le marquer de son empreinte, c’est avoir la possibilité de l’organiser selon ses envies ou ses habitudes. Soutenir ces modes de vie, c’est permettre aux gestes du quotidien de s’accomplir dans les meilleures conditions.
